Julie, responsable QHSE qui ne manque pas de piquant, accompagne l'entreprise GP Pays Basque sur le pôle qualité.
L'entreprise du Sud-Ouest a renouvelé une nouvelle fois sa certification IFS. Julie nous en dit plus sur cette certification spécifique à l'agroalimentaire.
est importante pour eux ?
GP Pays Basque est une petite entreprise qui transforme des piments d’Espelette en poudre de piment d’Espelette.
C’est un magnifique produit qui bénéficie d’une AOP. La seule épice de France certifiée !
Ce sont des produits de très haute qualité, cette certification ouvre des marchés, notamment à l'export.
La filière est organisée autour de 200 petits producteurs. La stratégie pertinente de GP a été de rejoindre les rayons des GMS en regroupant des producteurs et mutualisant l’outil
de production de la poudre.
La certification IFS est le laisser passer pour entrer dans ce circuit : pas d’IFS, pas de distributeurs.
Quel est ton rôle au sein de cette entreprise ?
J’interviens toute l’année à raison d’une journée par semaine, depuis une année. Je collabore avec la directrice sur la partie qualité. Je partage mon expertise, nous travaillons en équipe.
Quels sont les critères principaux évalués pour cette certification ?
L’audit débute à la réception du piment, suit toute la chaîne de transformation jusqu’à la mise en sachet. Il y a ensuite une étape de reconditionnement où les sachets de poudre sont conditionnés en verrines.
Les auditeurs vérifient l’étude HACCP, l’application des procédures, le nettoyage, la traçabilité, et surtout le suivi des CCP, points critiques sur lesquels nous nous devons d’être irréprochables.
Pour GP, nous suivons le traitement thermique du piment, et nous avons aussi un aimant pour capter les particules métalliques. Le risque verre (casse du verre) est également surveillé de près.
Quels sont les défis rencontrés dans la mise en œuvre ou le maintien de la certification ?
La temporalité est déjà une spécificité pour GP. En effet, la chaîne de production fonctionne pendant une saison de 4 mois environ. Le reste de l’année, seule la partie reconditionnement fonctionne. La fenêtre d’audit est donc réduite.
En phase de production, l’entreprise fonctionne avec des saisonniers. Il faut les former efficacement en un temps record et s’assurer que toutes les connaissances en terme de qualité, d’IFS, de Food Fraud, de nettoyage, de CCP, etc. sont acquises !!
Comment impliquer les différents niveaux de l'entreprise ?
L’avantage d’avoir une courte période de production, c’est aussi que tous les audits sont rapprochés : audit interne, audit client, audit Bio, audit AOP, audit IFS ont lieu dans la fenêtre de 4 mois ! Ainsi, toute l’entreprise est « à fond » pendant cette période.
D’une manière plus générale, je dirais qu’une fois que la direction est convaincue de l’intérêt d’une démarche qualité et met en place les moyens humains, financiers et organisationnels pour la bonne réalisation de celle-ci, tout roule.
Comment se déroule un audit de certification IFS ?
Bien ! L’auditeur suit son plan d’audit, a des points incontournables à vérifier, questionner, observer. La moitié du temps est dédiée au terrain. Les opérateurs sont interrogés, expliquent comment ils travaillent.
Les auditeurs croisent les infos données en réunion d’ouverture par la direction (stratégie, histoire, moyens humains, financiers, …), les observations faites in situ, et toute la partie documentaire réalisée par la qualité.
Beaucoup de preuves sont à amener, je devrais compter un jour le nombre de documents présentés lors d’un audit, ce doit être renversant !
La certification a-t-elle une influence sur la culture d'entreprise et l'implication des collaborateurs ?
Je pense que dans les grandes lignes, sans IFS, GP aurait mis en place une démarche qualité plus « light ».
Il y a un vrai engagement de la direction dans la qualité, avec la compréhension des enjeux. Néanmoins, la certification oblige à une très grande rigueur au quotidien. Les collaborateurs ne doivent jamais perdre de vue les exigences de l’IFS.
Maintenant que la certification est passée, as-tu des conseils à donner à une entreprise qui envisage de se lancer dans cette démarche ?
Tout dépend du niveau de départ. Pour une entreprise qui serait déjà dans une démarche ISO 22000, le gap serait moins important.
Il faut garder en tête que l’IFS reste une certification de niveau très exigeant. Je dirais aussi que selon le produit, le process, et la taille de l’entreprise, les enjeux ne seraient pas les mêmes. Quoi qu’il en soit, comme pour toute démarche qualité ou sécurité, cela nécessite une implication de la direction et de l’encadrement pour réussir. Avec les opérateurs, évidemment !
Quels pièges ou erreurs courantes faut-il éviter ?
Négliger les KO.
La notation IFS prévoit des notes A, B, C, D avec des points (20, 15, 5, -15). Il y a 10 exigences pour lesquelles l’entreprise n’a pas le droit d’avoir un D. Une exigence insuffisante ou non réalisée = les fameux KO.
Dans ce cas, le certificat n’est pas attribué.
Oublier les écarts de l’audit précédent peut être aussi un écueil.
Quel est ton rôle maintenant ?
Au-delà du haut niveau de qualité de l’IFS, il y a aussi le haut niveau de qualité du piment de GP. Pour obtenir un produit d’exception, de nombreux contrôles sont en place, avec un suivi, une analyse des déviations,…
L'obtention chaque année de médailles et de prix peut attester de cela.
Je prépare aussi la saison suivante, j’améliore les supports qualité, je prépare les formations des futurs saisonniers en fonction de cette année (ma première !)
Quels sont les projets futurs en lien avec la qualité chez GP Pays Basque ?
Confirmer les bons résultats de cette année !
Les Talents insitu sont disponibles dans plusieurs régions en France, pour obtenir des renseignements ou un RDV, contactez Antoine au 06 11 72 98 51 ou à contact@insitu.fr.